Les archives de Lucé

L’Histoire de Lucé, même si elle n’a pas la flamboyance de certaines communes, mérite un certain regard. Anecdotes, explications et révélations : découvrez les origines et l’ancrage historique de la ville de Lucé à travers plusieurs époques !

De Lucius (propriétaire d'une villa gallo-romaine) ... à Lucé

Des racines romaines à la lutte contre les Vikings, découvrez les origines de Lucé, de -52 au Xe siècle.

Lucé, l'Eglise,Chabrillac

L’origine de Lucé et l’empreinte des Romains

En 52 avant Jésus-Christ, les armées gauloises, sous les ordres de Vercingétorix, étaient battues à Alésia par les légions romaines de Jules César. Peu à peu, toute la Gaule était soumise aux lois de l’occupant et l’administration romaine établissait un cadastre indispensable pour la fixation de l’impôt. Pour Lucé, le nom est lié au riche propriétaire d’une villa gallo-romaine (ferme) de l’époque, Lucius. Celui-ci nommait son endroit Lucianum, qui veut dire « domaine de Lucius ». Cette villa se situait au hameau des Barres, dont les vestiges ont été retrouvés vers 1857 dans un champ dénommé « champs des dix minots » (cadastré section 0229). Elle est actuellement traversée par la rue Albert Brossard, à l’écart de la route qui menait de Autricum (Chartres) à Subdinum (Le Mans). Aussi, selon l’Abbé Villette, qui fut un brillant spécialiste de toponymie (étude de l’origine des noms de lieux), Lucé aurait souvent  changé de nom au cours des siècles :

  • Lucciaco : vers 949
  • Luciaco : 1099
  • Lucéio : 1114
  • Lucianum : 1116
  • Lucis Villa : 1120
  • Lucéum : 1133
  • Lucetum : 1146-1160
  • Lucéium : 1224
  • Luceyum : 1389
  • Lucey : 1641
  • Lucé : depuis 1736

Des vestiges Gallo-Romains

De l’homme habitant notre région voici cent mille ans, on a trouvé au centre de l’ancien bourg de Lucé de l’outillage acheuléen, en pierre taillée ou polie, datant du paléolithique. Le « champtier de la grosse pierre », qui se situe au chemin de Poiffonds (direction Amilly, au bord de la route du Mans qui passait par les Vauroux) à Lucé, doit se référer à un mégalithe disparu (Meulin). Après la conquête de la Gaule par Jules César, de vastes régions du département d’Eure-et-Loir sont défrichées, et la Beauce est couverte de grandes fermes ou villas. Les Romains édifient des ouvrages importants, le long d’une route, qui allait de Autricum (Chartres) à Subdinum (Le Mans), et qui passait par Lucé. Il y avait également une voie publique qui permettait de se rendre de Chartres à Brou par un chemin (chemin Henri IV par Saumeray). Cette voie de communication est sur le tracé, vraisemblablement, de la route qui se détache de la route nationale 23 et se dirige vers St Georges sur Eure.

Naissance d’un aqueduc souterrain

Une autre preuve de l’occupation romaine est l’aqueduc souterrain qui traversait Lucé d’ouest en est. Ce dernier allait chercher l’eau pure dans l’Eure, en amont du moulin de Landelles et aboutissait à Chartres, près du Grand Séminaire. Long d’une trentaine de kilomètres, cet aqueduc était enfoui à 1 ou 2 mètres de profondeur et sa pente était moyenne de 0,50 m par kilomètre (0,15  m seulement à Lucé). Cet aqueduc a été détruit, en grande partie lors des nombreux terrassements consécutifs à l’urbanisation de la commune de Lucé entre 1950 et 1990. Son itinéraire a été reconstitué en 1866 par la Société archéologique d’Eure-et-Loir. Il passait approximativement sous l’actuel parking de Géant, sous l’immeuble des Arcades, sous la résidence François Foreau, traversait la rue François Foreau jusqu’au parking du centre commercial du Vieux Puits, et longeait le côté droit de la rue du Maréchal Leclerc jusqu’à la place Jeanne d’Arc.

La vallée des Vauroux impactée

Les Romains ont également laissé des traces matérielles de leur passage dans la vallée des Vauroux. Ainsi, un groupe d’habitations extérieures à la cité de Chartres avait été édifié dans cette vallée. Lors de la construction de l’embarcadère du chemin de fer (1849), puis de la gare de Chartres, des découvertes antiques ont révélé une grande quantité de monnaies, médailles, poteries, figurines et objets divers, signés de main romaine. Par ailleurs, les travaux de construction des chemins de fer ont bouleversé la vallée des Vauroux qui se trouve désormais comblée sur une grande surface.

La menace des vikings Normands

Durant les IXe et Xe siècles, la vie en France n’avait rien de paisible ! Le pays subissait les attaques incessantes des Vikings scandinaves, notamment les Normands et les Danois. Les combats étaient âpres, violents et sanglants. Parmi les redoutables chefs vikings, Rollon (nommé aussi Raoul, Duc de Normandie) s’est intéressé de très près à la région Chartraine en 911. Il cherchait dans un 1er temps un endroit d’où il pourrait battre en brèche la ville. Après avoir construit un fort, les attaques se sont multipliées. Rollon dirigeait ses attaques depuis les villages de Lucé et de Mainvilliers. La ville de Chartres et ses villages alentours allaient-ils tomber entre les mains de ces “barbares” ? Que nenni ! Après moult tentatives, l’armée de Rollon échoue à prendre le fief face à l’héroïsme des chartrains. La légende prétend que Gancelme, évêque de la ville, aurait fait partir Rollon en brandissant le voile de la Vierge Marie. Plus vraisemblablement, il faut y voir l’intervention conjointe des grands aristocrates du royaume : Robert (duc des Francs), Richard le Justicier (duc de Bourgogne) et Manassès, comte de Dijon. Les Normands furent pris entre deux feux. Les renforts redonnèrent aux chartrains l’espoir et le courage pour inverser le sort de la bataille. Les historiens parlent de combats féroces, puisque les Normands laissèrent plus de 6 000 morts sur le champ de bataille. Côté chartrains, les épées furent souillées de sang. Il parait que le cours de la rivière fut arrêté par des monceaux de cadavres ! Une partie de l’armée en déroute se sauva vers les Grands Prés (préz des reculets), la délivrance de la ville ayant eu lieu le 20 juillet 911. Quant à Rollon, il s’enfuit par le ravin des Vauroux et gagna Lisieux.

Charles le Simple en médiateur

Un autre acteur de l’époque s’est illustré : le roi Carolingien Charles le Simple. Il négocia en effet avec le puissant chef scandinave pour aboutir au traité de Saint-Clair-sur-Epte en 911. Ses clauses ne nous sont connues que par le récit de Dudon de Saint Quentin. Le roi céda à Rollon une partie de la Neustrie (le comté de Rouen), base du futur duché de Normandie. En échange, Rollon s’est engagé à bloquer les incursions vikings menaçant le royaume franc. Une inversion des rôles en quelque sorte ! Plus étrange encore, il se fait baptiser en 912 à la cathédrale de Rouen sous le nom de Robert, du nom du duc Robert, son parrain de baptême et ancêtre des futurs rois capétiens. Il fit même une donation aux frères de l’église de Notre Dame de Chartres et affirma, « Moi Rollon, Duc de Normandie, je donne aux frères de l’église Notre Dame de Chartres, mon domaine de la Malmaison (près d’Épernon), que j’ai acquis avec mon épée et qu’avec mon épée je garantirai ».

L’origine des Vauroux

En se convertissant au christianisme, Rollon se fit baptiser en 912 sous le nom de Robert. C’est en commémoration de cet heureux événement dû à la protection de la Sainte Vierge, que les chartrains ont élevé le petit oratoire des Vaux Roux. Celui-ci était un des plus anciens monuments chartrains, bâti à la limite des communes de Mainvilliers et de Lucé. Aussi, la dénomination de Vaux Roux vient de la réunion de deux mots : Val ou Vaux (vallée) et Rollon (Raoul, dont on a fait roux). Aux XIIe et Xllle siècles, Notre Dame des Vaux Roux avait dans cette vallée, son culte et ses pèlerins. La chapelle des Vauroux a, au cours de l’histoire, subi des dégâts par des actes de vandalisme. C’est ainsi que les 2 mars et 15 avril 1553, une demoiselle et deux hommes protestants furent brûlés vifs à Chartres pour hérésie. À titre de représailles, les huguenots brisèrent une image de la vierge qui se trouvait aux Vauroux, ce qui fut considéré à l’époque comme le plus grand des crimes.

Sources : Louis Mouette (historien local) et Edmond Desouches (maire de Lucé – 1947/1989)

Des tensions ayant mené à l'indépendance de la ville

Vous apprendrez comment Lucé a traversé la révolution française jusqu’à la moitié du XIXe siècle, en obtenant notamment son indépendance.

L’église de Lucé au cœur des tensions

Avant la Révolution de 1789, le fief de Lucé (vassal de l’Evêché de Chartres) était une seigneurie propriété des religieux de Saint Jean en Vallée. Ces derniers possédaient l’église, les deux cimetières, le presbytère et quarante quatre terrains qu’ils louaient à des métayers. Les clauses des fermages étaient assez exigeantes, puisqu’en plus des dîmes, les fermiers devaient fournir une partie de leurs récoltes : grains, pailles, fourrages, beurre, poulets, vins… Fermiers qui devaient également effectuer des corvées diverses, telles qu’aller chercher du bois de chauffage dans les forêts voisines, réparer les chemins, fournir un cheval à la demande, etc.*

La vente de l’église

Le 26 février 1790, l’Assemblée Nationale décrète la formation du département d’Eure-et-Loir. La municipalité de Lucé fait alors partie du canton et du district de Chartres. À compter de cette date, la commune est administrée par un Conseil Général ayant à sa tête le maire J.B Guerrier, laboureur aux Granges, qui est assisté de deux officiers municipaux, de cinq notables et d’un procureur-syndic.

Tout allait bien ainsi… jusqu’au 27 avril 1791. Alors que la vente décidée par les dirigeants de l’époque (après avis favorable du Directoire du District de Chartres), du presbytère et des nombreux terrains appartenant au clergé (prés, vignes, bois, terres à blé…) situés à Lucé où dans les communes avoisinantes, ne fit que peu de remous dans la population, il en fut autrement concernant l’église (et son cimetière), dont les offices rassemblaient les lucéens les dimanches et jours de fêtes. Les tintements des cloches annonçaient selon les circonstances, l’angélus, la Saint Pantaléon ou les offices religieux. Un mécontentement prenait forme. Pire encore, cette vente devait s’accompagner par une suppression de l’église au profit de celle de Mainvilliers. 

Les protestations du Maire et de son conseil général restèrent sans effet, la suppression étant actée le 5 juin suivant. Gatelet, prieur de Lucé était nommé vicaire à Mainvilliers et le Conseil Général de Lucé perdait sa raison d’être. En outre, les biens mobiliers et immobiliers du clergé des paroisses étaient déclarés biens nationaux et étaient vendus au profit de la Nation. Une rentrée d’argent bienvenue pour le pays puisque les caisses de l’État étaient vides !

Les cloches de l’église

Même si les lucéens avaient accepté bon gré mal gré le rattachement à Mainvilliers, les choses s’envenimèrent le 30 janvier 1792 lorsqu’il fut décidé de dépendre les cloches de l’église. En effet, l’objectif était de les faire fondre et de fabriquer des canons nécessaires pour défendre la Patrie en danger. Les charpentiers chargés de ce travail, hués par les habitants, durent se retirer sans accomplir leur tâche. Le 1er février suivant, le maire de Mainvilliers, Perier de Mondonville, venu pour enquêter à Lucé, fut insulté et ses vêtements maculés de boue. L’affaire se termina devant le tribunal, quelques condamnations furent prononcées…

Vers l’indépendance de Lucé

Suite à la prononciation des condamnations, l’église et les deux cimetières furent mis en vente par adjudication le 27 mars 1792, pour la somme de 2 025 livres, payables en dix ans. Mais son acquéreur, le Sieur Binet, employé des postes à Chartres, ne put entrer en jouissance de son bien… puisqu’on ne trouvait pas les clefs de l’église ! Finalement, un mois plus tard, il revendait l’église et le cimetière à l’ancien maire de Lucé J.B. Guerrier qui s’était associé avec trois autres notables de Lucé, et ce, au nom de tous les habitants. Les Lucéens tenaient à leur église et désiraient continuer à enterrer leurs morts dans le cimetière de la commune, alors que les clauses de la vente stipulaient la destruction

Charles X en arbitre

Mais les Lucéens, toujours insatisfaits, réclament à ce que l’église soit érigée en succursale avec un prêtre institué à Lucé. Or, à la suite de nombreuses réclamations et pétitions, ils obtiennent gain de cause à la Restauration. Ainsi, le 7 décembre 1828, Charles X exige que le hameau de Lucé soit séparé de la succursale de Mainvilliers tout en érigeant l’église de Lucé en tant que succursale elle-même. Par ailleurs, une souscription auprès des habitants permit de recueillir la somme nécessaire à l’achat d’un presbytère. Mais les lucéens ne souhaitaient pas en rester là…

L’indépendance de Lucé

Ainsi, dictés par un acharnement qui ne s’est jamais ralenti, les lucéens exigent désormais que leur ville soit considérée comme une commune indépendante, avec un maire à sa tête. Satisfaction leur sera donnée le 4 mars 1836, lorsque Louis Philippe, roi des Français, par une ordonnance érige Lucé en commune, avec un maire et un conseil municipal. Grande satisfaction, mais petit “hic”, il n’y a pas de mairie ! 

La croissance en perspective

L’incongruité est réparée en 1844 avec la construction de la 1ère mairie avec école. Ce bâtiment existe encore, il est situé 93-95 rue de la République. Aussi, dans une pétition en date du 9 avril 1835 adressée au Préfet du département d’Eure-et-Loir, les habitants de Lucé déclarent que la commune est appelée à un grand avenir, « Le territoire de l’ancienne commune de Lucé est traversé par deux grandes routes très fréquentées, la première est la route royale n°23 de Paris à Nantes, la deuxième, la route départementale n°6 de Chartres à Saint Calais. Sur les bords de ces routes s’élèvent de nouveaux établissements industriels qui, en quelques années, vont provoquer un accroissement considérable de la population ! ». Une prévision qui s’est traduite dans les chiffres puisqu’un siècle et demi après cette déclaration, Lucé est devenue la troisième ville du département d’Eure-et-Loir de par sa population.

Sources : Louis Mouette (historien local) et Edmond Desouches (maire de Lucé – 1947/1989).

Le mois de mai des jeunes filles au début du 20e siècle

Découvrez cette mystérieuse tradition qui a perduré du XIIe jusqu’au début du XXe siècle.

Les mais à Lucé en 1925 1

L’art de la séduction traverse les époques, c’est bien connu et Lucé n’échappe pas à la règle ! Depuis le XIIème siècle, une des coutumes en usage consistait pour les jeunes hommes à poser, durant la nuit précédant le 1er Mai, un « mai » sur la demeure des jeunes filles. Ceci permettait aux « galants » d’exprimer leurs sentiments aux élues de leur cœur.

Le “mai” des jeunes filles

De leur côté, les jeunes filles, en fonction de leurs moyens financiers, passaient un séjour chez la couturière afin d’apprendre l’art de « porter la toilette » comme le voulait l’expression de l’époque, et de séduire. Elles entraient, disait-on, en « apprentissage » le 25 novembre, jour de la Sainte Catherine et en sortaient le 1er Mai. À noter qu’à cette époque, Sainte Catherine avait une connotation liée à la nature. La croyance populaire voulait qu’elle fasse prendre racine à tout arbre planté à cette date (« À la Sainte Catherine, tout bois prend racine »), mais aussi qu’elle soit « pourvoyeuse de maris ».

Ainsi, pour les jeunes filles, après un hiver d’initiation, venait l’attente de l’invitation du gentilhomme. À la veille du 1er mai et, en tous cas, dans les premiers jours du mois selon les usages fixés dans la localité, le prétendant venait apposer son « mai » devant la maison de l’élue de son cœur pour déclarer sa flamme.

Quant aux garçons de 16 à 20 ans environ, ils exprimaient le temps d’une nuit leur amour naissant. Cette nuit précédant le 1er mai était surtout une occasion pour les jeunes hommes de se retrouver entre eux et de faire la fête tout « en remuant » un peu le village.

Le « Mai » était constitué de branches d’arbres ou d’arbrisseaux ou bien encore de bouquets de fleurs. À noter qu’en Beauce et notamment du côté de Lucé, on avait recours au cerisier sauvage (ou Sainte Lucie), au cytise ou ébène, mais une belle branche d’acacia ou de cerisier faisait l’affaire. Comme les fleurs, ils avaient leur langage pour désigner les vertus ou caractère de la prédestinée. Cette signification était différente en France suivant les coutumes de chaque région, voire de chaque commune.

Ainsi à Lucé comme dans de nombreux villages, jusqu’en 1920, à quelques exceptions près, les jeunes gens avaient conservé des générations précédentes, la tradition d’accrocher ce « mai » devant la maison de la jeune fille dont ils étaient épris.

Les fiancés en puissance ne manquaient évidemment pas de se faire connaître dès le lendemain pour éviter les malentendus car il arrivait que plusieurs « mais » soient suspendus à la même porte. Par ailleurs, les filles qui avaient trouvé un « mai » le lendemain matin sur leur façade se devaient de trinquer avec les prétendants pour « arroser » leur mai disait-on. C’était aussi une seconde occasion de plus pour faire la fête mais cette fois-ci avec les jeunes filles.

Cette tradition a disparu mais aujourd’hui encore, si vous vous promenez dans certains villages au petit matin du 1er mai, ne vous étonnez pas de voir des branches d’arbres coupées, des bouquets de fleurs contre les façades et quelques objets pas vraiment à leur place. Ce n’est peut-être que l’expression d’un amour naissant. 

Sources : Louis Mouette (historien local) et Edmond Desouches (Maire de Lucé – 1947/1989)

L’occupation allemande et l’émergence de la résistance

Plongez dans l’histoire de l’occupation à Lucé et découvrez les actes de résistance qui ont marqué cette période.

Dépôt_Chartres

Comme une grande partie Nord de la France, Lucé n’a pas été épargnée par l’invasion allemande durant la deuxième guerre mondiale. Quelques chiffres : la ville, en 1939, comptait 1 497 habitants. Suite à l’invasion des forces Allemandes, Lucé a déploré 65 prisonniers de guerre, 6 déportés et 18 travailleurs réquisitionnés dans le cadre du STO*. Enfin, 19 habitants ont été tués sous les bombardements.

*Le Service du travail obligatoire (STO) fut, durant l’occupation de la France par l’Allemagne nazie, la réquisition et le transfert vers l’Allemagne de centaines de milliers de travailleurs français contre leur gré, afin de participer à l’effort de guerre allemand.

Sabotages en cascade

Malgré la débâcle des forces françaises, quelques Lucéens se sont illustrés pour tenter de ralentir la percée de l’armée Allemande. Ainsi en Juin 1940, le pont des Vauroux est dynamité (les lignes d’Orléans et d’Auneau sont coupées), la plaque tournante du dépôt est sabotée et l’entrepôt des Marais (à Lucé) est incendié en juin 1940 par les soldats du Génie.

Les secouristes de Lucé

Côté assistance, les Lucéens ne sont pas en reste. De nombreuses équipes sont formées afin de venir en aide aux blessés. Leur rôle était de se rendre sur les lieux sinistrés pour parer aux premières urgences (notamment les hémorragies). Le poste de secours était installé dans la salle de billard du café, située au 34 rue de la République (au coin de la rue Bécasse et de l’église). Cette période trouble a des répercussions sur le quotidien des Lucéens. Aussi, pour faire face à la pénurie qui sévit, les habitants s’organisent avec la mise en place du marché noir et la diffusion de méthodes pour fabriquer du savon. Sans oublier la nécessité d’avoir recours aux tickets de rationnements et aux laissez-passer pour circuler !

Comment la résistance s’est installée dans la ville ?

À l’instar de nombreuses villes sous l’occupation Allemande, la résistance s’est développée à Lucé. D’abord timidement par des actes isolés fin 1942, elle n’a que des effets de retardement sur l’armée nazie. Elle consiste à enlever les panneaux de signalisation des routes ou des lignes électriques, de les déplacer afin d’indiquer de fausses directions. Les chemins de fer sont particulièrement ciblés : urines dans les boîtes d’essieux des wagons de marchandises afin de diluer l’huile de graissage, dépôt de sable (ou de la poudre d’émeri dans l’huile) provoquant ainsi le chauffage des fusées d’essieux afin de rendre le wagon inutilisable, etc. Au fil des mois, le sabotage s’intensifie avec les déraillements de trains par déboulonnage des rails (déraillement sur la ligne Chartres/Le Mans, dans le virage de Mainvilliers), sans oublier le double incendie du dépôt de paille et de fourrage allemand à Lucé.

Place aux tracts et aux faux papiers

Peu à peu, le sabotage se renforce par des opérations plus élaborées, notamment par la multiplication de tracts. La fabrication et la distribution clandestine de ces tracts anti-allemands se sont ainsi répandues sur Lucé (surtout la nuit) non sans danger, en raison du couvre-feu présent de 20 heures à 5 heures. Dans le même temps, les réunions des résistants s’organisent dans la rue, par groupes de deux, accompagnées par un agent de liaison. Le danger d’arrestation était omniprésent suite aux dénonciations des « collabos », sans compter sur les aveux obtenus à la suite de tortures infligées par cette Gestapo. Le risque étant d’éviter qu’une grande rafle ne détruise entièrement le réseau. Aussi, afin de permettre aux résistants d’échapper aux recherches des forces d’occupation et aux représailles contre les familles, la fourniture de faux papiers d’identité commence également en 1942. Enfin, les grandes actions de la résistance ont eu lieu en 1944 avec des distributions d’armes, avant les terribles journées du 15, 16, 17, 18 et 19 août 1944. Beaucoup de résistants réunis par groupes de combat ont pu soutenir l’armée Américaine afin de participer à la Libération de Lucé et de Chartres… avec, malheureusement des pertes sévères en hommes.

Sources : Louis Mouette (historien local) et Edmond Desouches (maire de Lucé – 1947/1989)

La libération de Lucé, contée par Edmond Desouches

Découvrez le récit d’Edmond Desouches, qui deviendra ensuite Maire de Lucé de 1947 à 1989.

Entre Mainvilliers et Lucé août 1944

“Nous étions aux aguets et dissimulés derrière une meule de bottes de paille, nous surveillions attentivement la route.”, Edmond Desouches (Été 1944) 

À Amilly, nous étions aux aguets et dissimulés derrière une meule de bottes de paille, nous surveillions attentivement la route. Vers 12h30, ceux qui étaient de service nous avisèrent qu’il y avait en vue une très forte colonne de blindés américains. Après un arrêt au croisement de la route de Saint-Georges-sur-Eure, la colonne se partagea en deux, le début se dirigea vers Amilly, tandis que la fin continua en direction de Lucé.

Un officier américain secondé par un interprète nous demanda ce que nous pouvions savoir sur le dispositif allemand. C’est ainsi que lui ayant indiqué sur une carte la présence des batteries allemandes, il ordonna à la deuxième colonne de quitter la route nationale 23, et de se diriger vers Mondonville, par le pont supérieur de la voie ferrée et le chemin de terre où se mirent en batteries plusieurs dizaines d’autocanons.

Le tir était précis et rapidement les canons allemands furent réduits au silence. Si Lucé ne subit pas de destruction, un obus perdu mit le feu au hangar de M. Paragot. En fin d’après-midi, après quelques péripéties provoquées par les exigences du groupe de résistants du 14 août, nous décidions d’aller à Lucé avec l’adjudant de gendarmerie Bonneau également réfugié à Amilly. À part les trous d’obus et quelques véhicules allemands abandonnés, rien ne semblait indiquer que la bataille pour Chartres ne faisait que débuter. Des petits avions américains bombardaient en piqué le hameau de Chaunay pour protéger la colonne ayant emprunté la route d’Illiers. Tout semblait calme…

Les combats du 16 août

Le soir, je décidais de rester à Lucé, car, pour la ville, ce fut vraiment la Libération au petit matin du 16 août, quand un blindé américain rentra dans le cimetière et mit le feu à la ferme Ménard où était retranchée une arrière-garde allemande.

C’est donc sur un vaste quadrilatère composé de la Cavée, la tranchée de la voie ferrée Chartres-Orléans, les Chaises, l’église du Coudray, la vallée de l’Eure et la R.N.10 que se déroulèrent les combats avec les troupes allemandes. Le front de défense était assuré par les Trois Ponts franchissant l’Eure et dominant le débouché de la rue Saint-Brice, les F.F.I. (Forces Françaises de l’Intérieur) et les combattants, armés par la Résistance, tentèrent de faire reculer l’unité allemande. 

Les pertes auraient pu être plus lourdes pour nos concitoyens, armés de fusils datant de la guerre 1914- 1918 contre les mitrailleuses lourdes de la Wehrmacht dominant le site du haut des Trois-Ponts. Mais rapidement l’armée américaine, dont les avant-gardes étaient passées au nord-ouest de Chartres, lança une colonne par Barjouville-Morancez. Prises à revers, les troupes allemandes cessèrent toute résistance, non sans avoir lancé quelques obus sur la cathédrale, prétendant que s’y abritaient des guetteurs. Ce fut la fin, à part quelques combats sporadiques qui firent malheureusement des victimes, dont Georges Varlet, un Lucéen et des militaires américains.

Le calme, enfin ! 

Les jours suivants, c’était la joie de tous les habitants qui voyaient passer, rue de la République, des convois interminables de camions, de blindés de toutes sortes. Toute la population fêta la Libération avec beaucoup de joie et d’émotion pendant plusieurs jours. »

Sources : Louis Mouette (historien local) et Edmond Desouches (maire de Lucé – 1947/1989)

premiers sapeurs-pompiers : la flamme qui les A animés

Une histoire qui s’étale de la deuxième moitié du XIXe siècle jusqu’au XXe siècle dans son entièreté.

Compagnie des SP vers 1950-1

Le dimanche 29 octobre 1848, vers 19h, le tocsin a sonné à la Cathédrale et à la Mairie de Chartres. Un incendie assez violent venait de se déclarer au Grand Lucé, dans l’habitation du Sieur Gougis, cultivateur. Voyant l’incendie, les élèves de l’école normale d’instituteurs accourent les premiers sur les lieux du sinistre. La pompe de Barjouville, arrivée la première, a organisé les premiers secours. Les pompiers de Chartres, Lèves et Amilly sont arrivés ensuite. Les quatre pompes n’ont pu fonctionner, il n’y avait pas d’eau…

Un détachement de la Garde Nationale a permis de maintenir le bon ordre, secondé par un escadron de chasseurs. Deux substituts du Procureur de la République sont arrivés sur place. Heureusement, le vent soufflait au sud. Dans le cas contraire, de nombreuses habitations auraient été la proie des flammes. À cette époque, les maisons étaient construites en bauge et recouvertes de toits en chaume, matériau particulièrement inflammable. On attribue cet incendie à l’imprudence de Madame Gougis qui, en entrant dans son étable, avait posé sa chandelle trop près de quelques bottes de paille. Un cheval et une vache qui se trouvaient là ont été sauvés des flammes, mais gravement brûlés. Quatre espaces, dont deux remplis de récoltes, ont été détruits.

La perte est évaluée à 3 500 francs, dont 2 000 francs pour les seuls bâtiments, rien n’était assuré. C’est le 26 septembre 1861 que François Foreau, le Maire de l’époque, reçoit l’autorisation de Napoléon III d’acheter une pompe à incendie et d’acquérir un terrain pour la construction d’une remise. En novembre de la même année, la commune devient propriétaire du terrain situé au « Champtier des Houches », entre les deux Lucé, près de la mare communale longeant le chemin vicinal n°20 (rue Gambetta), aboutissant à la route impériale n°23 de Chartres à Courville-sur-Eure.

Quelques dates importantes :

  • 18 septembre 1862, le Préfet autorise le Maire à créer une compagnie de sapeurs-pompiers de 26 hommes maximum
  • Février 1863, la commune est dotée d’une pompe à incendie.
  • Le 24 mai 1871, Commune de Paris, les incendies font rage. Le Ministre de l’Intérieur donne l’ordre au Préfet d’Eure-et-Loir d’envoyer du matériel et des hommes des environs de Chartres à Paris. 10 hommes se sont portés volontaires.
  • 1902, le Conseil municipal de Lucé décide l’acquisition d’une deuxième pompe plus moderne..
  • 1914, la plupart des pompiers sont au front et remplacés par les hommes non mobilisables.
  • 1950, l’effectif est de 16 hommes.
  • 1951, le Conseil municipal vote l’achat d’une motopompe et d’une Jeep pour la tracter. 
  • 1968, le Conseil décide la construction de l’Arsenal, rue de Beauce. Un centre comprenant 3 alvéoles de remisage et 2 logements.
  • 1972, le centre est doté d’un FPTL (fourgon pompe tonne léger) et d’un CCI (camion-citerne incendie). La même année, le centre de Lucé est intégré au service départemental.
  • 1974, le centre est doté d’un VSAV (Véhicule de secours et d’assistance aux victimes).
  • 1974, l’extension de l’Arsenal est décidée.
  • 1976, un service de permanence le week-end et les jours fériés est assuré de 7h à 20h.
  • 1982, le centre de secours est doté d’une lance eau et mousse remorquable et d’une motopompe en remplacement de celle qui datait de 1951.
  • 1989, la construction d’un centre de secours moderne est actée. Il sera situé, rue des Tourneballets, dans la zone industrielle.
  • 23 septembre 1992, pose de la première pierre du bâtiment.
  • 4 décembre 1993, inauguration

Sources : Louis Mouette (historien local) et Edmond Desouches (maire de Lucé – 1947/1989)

L’écrivain érudit qui a laissé son empreinte dans nos rues

Portrait de Philarète Euphémon Chasles, un écrivain et critique littéraire lucéen aux multiples facettes.

Philarète Euphémon Chasles est né le 6 octobre 1798 à Poiffonds, le 15 Vendémiaire, an VII du calendrier républicain. Il est issu d’une famille bien connue en Eure-et-Loir, qui donnera sur le plan local et national, des personnages éminents : savant mathématicien, homme politique et en homme de lettres. Philarète reçoit de son père une éducation qui le marquera toute sa vie.

À cinq ans, il sait lire, à six ans, il écrit, à huit ans, il sait le latin et traduit Horace. Cette éducation, toute entière tournée vers les études, en fait un enfant précoce mais qui se sent isolé, incompris et différent des autres. À quinze ans, il entre comme apprenti dans une imprimerie de la rue Dauphine à Paris. Arrêté par la police de la Restauration avec son patron en 1815, il sortira de prison grâce à l’intervention de Chateaubriand mais restera marqué par cette aventure.

Il fait ensuite des séjours en Angleterre où son esprit curieux, son excellente mémoire et son don pour les langues lui permettent d’emmagasiner des connaissances qui influenceront toute sa carrière. Puis il voyage en Allemagne pour y étudier la littérature.

De retour en France, il écrit des livres d’histoire et de critique, publie des traductions d’ouvrages anglais et allemands. Mais son talent ne lui amène pas la notoriété escomptée car il disperse ses efforts dans d’innombrables écrits.

D’un caractère passionné, il est un brillant causeur, doué et érudit. C’est aussi un homme doté d’une imagination délirante, instable et capricieux. De son premier mariage avec Clémence de Puibusque naît son fils Émile, qui deviendra plus tard professeur de littérature étrangère mais lui causera toutes sortes d’ennuis, tant sentimentaux que financiers. Puis, l’âge lui amène une certaine aisance financière et la reconnaissance de son talent par ses contemporains. En 1865, à l’âge de 67 ans, il se remarie avec une femme de lettres, Marie du Breuil de Saint-Germain. Ce mariage lui apporte calme et sécurité.

En juillet 1873, il se rend à Venise, où il a déjà fait de nombreux voyages, en compagnie de sa nièce qui lui sert de secrétaire. Souffrant du choléra asiatique depuis plusieurs années, ce périple va lui être fatal. Il décède le 18 juillet à l’Hôtel Vittoria. Son corps est ramené à Chartres où il est inhumé dans le caveau de famille au cimetière Saint Chéron.

Son œuvre

Dès juillet 1819, il a alors 21 ans, Philarète collabore à plusieurs revues littéraires. En 1823 et 1828, il reçoit deux prix de l’Académie Française qui lui assurent une certaine notoriété. En 1830, il devient rédacteur au Journal des débats, tout en écrivant dans la Revue des deux-mondes et la Chronique de Paris. À l’étranger, il participe à de nombreuses publications russes, anglaises, américaines, et c’est en partie grâce à lui que les littérateurs de ces pays furent introduits en France (tels Dickens, Lytton, Coleridge, Tolstoï…).

En 1837, grâce à des appuis politiques, Philarète est nommé Conservateur à la Bibliothèque Mazarine. En 1841, il devient Docteur en Lettres et est nommé, par ordonnance royale, professeur de langues et de littératures étrangères au Collège de France. C’est la consécration indiscutable de son talent. Tout le restant de sa vie, il occupera ce poste où il avait beaucoup de succès grâce « au charme poétique et spirituel de sa parole », selon ses historiens.

Dans ses mémoires, Philarète dit avoir visité Poiffonds en 1867 et le décrit ainsi : « La triste uniformité des plaines de Beauce s’y abaissait un peu, creusant un petit nid de verdure et de fraîche solitude, qui, dans ces parages monotones, ne manquait pas de grâce et de poésie »

Il publiera plus de 30 volumes dont des traductions, des études sur le Moyen-Âge, l’Antiquité, l’Espagne, la Révolution d’Angleterre à l’époque de Cromwell, Shakespeare… ainsi que des commentaires, des essais, des esquisses. En 1876, trois ans après sa mort, sa nièce publie ses mémoires. Ce livre fait scandale dans le monde littéraire car Philarète y règle ses comptes avec de nombreuses personnalités. Écrivain doué et érudit, il n’a pas laissé d’œuvre durable lui assurant une place parmi les plus grands de son époque. Ce n’est pas son talent qui est en cause mais son caractère, son amour des femmes et de la vie mondaine qui oriente son destin vers la vanité de l’existence.

On peut reprendre en conclusion ce qu’en disait Ernest RENAN, un historien du XIXe siècle, qui le défend ainsi : « … une sympathie mêlée d’une sorte de pitié, m’attacha bien vite à Philarète Chasles, cet esprit si original, ce semeur d’idées neuves, qui eût bien mérité qu’on lui pardonnât quelques travers. On fut sévère pour de petits défauts ; on ne vit pas ses grandes qualités »

Sources : Louis Mouette (historien local) et Edmond Desouches (Maire de Lucé – 1947/1989)

La Saint-Pantaléon à l'origine de la fête de lucé

La fête de lucé, une tradition toujours bien ancrée dans le présent, prend ses racines à partir du XVIe siècle.

Il faut remonter à l’année 1541 pour retrouver la première fête dédiée à Saint Pantaléon*. D’après les minutes de Michel Hillaire, tabellion de la Chambre épiscopale, un acte donnait pouvoir à un nommé Hauldry, du hameau de Poiffonds, pour organiser et jouer un « Mystaire de Monsieur Saint Panthaléon ». Parmi les acteurs, on notait les noms de Émery, Couldray, Quignon, Dorange, Bellanger, Gougis, tous paroissiens de Lucé. Pour sa peine, Hauldry touchait 3 sous tournois par jour.

*Saint Pantaléon est le patron des médecins, des chirurgiens et des nourrices. C’est aussi le saint patron de Lucé.

En 1743, le jour de la Saint Pantaléon, célébrée le 27 juillet, il est interdit à toute personne de tenir jeux et faire danses publiques. En 1792, Barthélémy Gadde, Capitaine de la garde nationale à Lucé se trouve dans l’impossibilité d’opérer dans le bien public à l’occasion de la Saint Pantaléon, ce sont les officiers municipaux de Mainvilliers qui se rendent à Lucé pour entretenir la paix et le bon ordre.

Le 2 août 1903, à l’occasion de la fête patronale, a lieu la bénédiction d’une nouvelle châsse destinée à recevoir les reliques de Saint Pantaléon. Le 30 juillet 1905, la Saint Pantaléon est célébrée solennellement. Monsieur Gougis, Maire de Lucé, accompagné de plusieurs Conseillers municipaux, assiste à la cérémonie. Mais on remarque que les participants sont peu nombreux et qu’il n’y a plus l’entrain que l’on attendait.

La loi du 9 décembre 1905 prononçant la séparation de l’Église et de l’État, apportera un grand changement dans la célébration de la fête patronale. Le Maire, les Conseillers municipaux, les musiciens et les pompiers n’assisteront plus à cette fête religieuse qu’à titre personnel. Il y aura désormais une fête religieuse à l’église et une fête civile rue de la République, indépendantes l’une de l’autre.

Cette situation durera encore quelque temps puis seule la fête civile persistera. Elle se déroulait chaque année le dimanche qui suivait le 15 août, après la moisson. C’était l’un des grands moments de l’année à Lucé. Un bal en était la principale distraction, il avait lieu sous une tente montée sur une petite place, en face la mairie, rue de la République. Un manège de chevaux en bois, entraîné par un cheval voisinait avec des stands de tir et de chamboule-tout pour l’amusement des enfants mais aussi des grandes personnes. Le soir, une retraite aux flambeaux parcourait les rues du village. La fête commençait le samedi soir et se terminait le lundi. Les enfants des écoles avaient droit à une distribution gratuite de tours de manège. 

C’est en 1974 que le Comité des fêtes décide de changer la date de la célébration de la Saint Pantaléon, devenue fête locale. L’évolution de la vie en fut la cause, une fête au mois d’août posait trop de problèmes. Le troisième dimanche de juin fut choisi. 

La fête, qui se déroulait rue de la République, fut déplacée place du 19 mars et rue Jules Ferry en raison des moyens de divertissements modernes et de la circulation routière.

Sources : Louis Mouette (historien local) et Edmond Desouches (Maire de Lucé – 1947/1989)

l’eau, source de développement pour la ville

Découvrez Lucé au temps des puits et des mares durant le XXe siècle, une histoire peu ordinaire.

Lucé, le Grand Lucé,L.V.(Lesire,Chartres,imprimeur)

Au début du XXe siècle, Lucé était un petit village rural composé de hameaux aux maisons construites en bauge et couvertes de chaume. Lorsqu’un feu se déclarait, tout le hameau était en danger. De nombreuses mares, appartenant à la commune ou à des particuliers, constituaient des réserves d’eau importantes pour pallier les risques d’incendie. Mais pas seulement…

La majeure partie de la population était composée de vignerons et de cultivateurs. Les travaux agricoles nécessitaient l’utilisation de chevaux qui, au retour des champs, étaient lavés et baignés dans les mares. Il y avait également des bovins, des moutons, des porcs… qu’il fallait abreuver. Les mares étaient aussi le rendez-vous des ménagères qui venaient y faire leur lessive, munies du nécessaire de lavage transporté dans une brouette : carrosse garni de paille, planche à laver, battoir, brosse en chiendent et savon de Marseille. Bien sûr, il était interdit de faire la lessive dans les mares pendant les périodes de grande sécheresse. De même, en cas d’épidémie, notamment en cas de maladie du charbon appelé « coup de sang », l’utilisation de l’eau des mares était interdite aux bestiaux, l’eau était alors tirée des puits. À l’époque, Lucé était alimentée en eau potable par sept puits communaux et quelques puits particuliers. L’augmentation de la population nécessitera la création de nouvelles ressources en eau. 

Historique

  • En 1912, un projet d’adduction d’eau potable est à l’étude. Il prévoit la construction d’un réservoir de 150 m3 . Mais l’arrivée de la première guerre mondiale retarde le projet qui sera repris en 1922. À cette date, Lucé compte 1 262 habitants. Une convention est alors signée avec la ville de Chartres qui s’engage à fournir l’eau potable nécessaire aux besoins de la commune pendant 40 ans. L’accès à l’eau courante dans tous les foyers entraîne progressivement la suppression des puits et des mares qui furent comblés
  • En 1952, l’architecte Maunoury effectue une étude pour l’implantation d’un château d’eau.
  • En 1957, deux terrains, situés à l’altitude la plus élevée de Lucé, sont acquis par la commune, route d’Illiers, et cédés au Syndicat Intercommunal de l’Agglomération Chartraine. Ce dernier est chargé de la distribution et du traitement de l’eau sur le territoire de la commune.
  • En 1959, le conseil municipal adopte le projet de construction d’un bassin à eau d’une hauteur de 35 m, d’un diamètre de 14,50 m et d’une contenance de 2 500 m3 . Il permet de répondre aux problèmes d’alimentation en eau des immeubles à étages. Les travaux de construction ont lieu entre 1961 et 1963. 
  • En 1968, la ville de Lucé est alimentée en eau par le forage de la Saussaye à Sours.
  • En 1990, la population de Lucé s’élève à 19 044 habitants. Les ressources en eau sont alors fournies en majeure partie par un nouveau forage situé à Bailleau-l’Évêque, au lieu-dit « La butte aux Clercs ». Le château d’eau de la rue du Maréchal Leclerc est démoli et remplacé par un réservoir enterré d’une capacité de 5 000 m3 , situé à l’angle des rues Kennedy et Maréchal Leclerc.

Petite anecdote

En 1960, la Commission des Sites et Monuments redoute que le château d’eau, de par sa hauteur, ne dénature la vue sur la cathédrale de Chartres. Aussi, un hélicoptère est réquisitionné pour simuler la hauteur du futur bassin tandis que les personnalités se rendent sur les routes aux alentours pour estimer si le monument risque d’altérer le paysage.

Sources : Louis Mouette (historien local) et Edmond Desouches (Maire de Lucé – 1947/1989)

Le chemin vers l’école à Lucé : comment s’est-elle imposée ?

Découvrez comment l’instruction à Lucé a pu s’affirmer, un cheminement d’un siècle et demi.

En 1791, la réunion des paroisses de Lucé et de Mainvilliers en une seule a supprimé l’école de Lucé. Le 9 avril 1835, dans une pétition assurée au Préfet, les habitants de Lucé demandent à ce qu’il y ait deux écoles : une à Lucé et une à Mainvilliers. Les élèves de Lucé, qui, pour la plupart, vont à l’école après le travail de la journée, ont des difficultés pour se rendre à Mainvilliers. Lors de la séparation des deux communes en 1836, le premier objectif sera la construction d’une mairie avec école. 

En mars 1837 est créé un comité local de surveillance pour l’instruction primaire de la commune, dirigé par le curé de Lucé, secondé par trois cultivateurs. Le 6 mai 1839, une classe privée est ouverte à Lucé. 

Enfin, le 7 août 1844, M. Lange, Maire, réunit le Conseil municipal pour délibérer sur la nécessité de trouver une solution au problème de l’école. Parmi les motifs invoqués en faveur de la construction d’une nouvelle école : « L’instituteur habite des bâtiments impropres et d’une humidité telle que les limaçons entrent jusque dans la huche et vont déposer sur ce qui fait l’objet de sa nourriture. Aujourd’hui, la commune n’a plus, celle-là ôtée, aucune de ces grottes en perspective où elle puisse blottir son instituteur ».

En 1840, une pièce de terre avait été achetée pour construire une nouvelle école mais le projet fut abandonné car l’école aurait été construite sur le bord d’une ruelle étroite, à proximité d’une mare. C’est alors qu’il se présente une nouvelle place, plus centrale. Le 2 mars 1844, la propriété, située 93-95 rue de la République est achetée 875 francs, elle aura six ouvertures au soleil.

En mai 1845, le roi Louis-Philippe autorise le Maire à établir l’école sur la propriété acquise. Cette école, construite en 1845, était mixte. Une salle était réservée pour le Maire et les garçons étaient séparés des filles par une cloison. En 1908, la situation scolaire est préoccupante car la petite maison d’école ne suffit plus pour accueillir tous les enfants.

Pour alléger les effectifs, une école de garçons avec mairie (actuel Conservatoire de musique) est inaugurée en grande pompe. L’école de filles quant à elle accueille 62 enfants et le Préfet attire l’attention du Conseil Municipal en disant en 1883 : « Il convient de créer une nouvelle école de filles avec classe enfantine ». Cette école sera construite près de l’école des garçons mais la première guerre mondiale arrêtera les travaux qui ne seront achevés qu’en 1922.

Le 4 juillet 1936, le conseil municipal sollicite l’établissement de plans nouveaux de constructions scolaires au motif qu’il est prévu l’arrivée de trois pelotons de gardes mobiles et la construction d’une caserne de 115 logements en bordure de la route d’Illiers. Mais la guerre arrête momentanément la construction de la caserne.

À la Libération, l’occupation des cités provisoires et l’arrivée des familles dans la caserne des gardes mobiles font monter en flèche les effectifs des écoles. Il fallut construire et aménager des baraques en bois provisoires pour abriter tous les enfants. L’effectif de la population enfantine étant passé de 180 enfants en 1939 à environ 500 enfants, en 1947, le plan d’urbanisme prévoit en priorité la construction d’une école maternelle et d’une école de filles.

En 1949, le conseil municipal décide la construction d’un groupe scolaire filles et maternelles : ce sera l’école Jules Ferry, rue Pasteur, ouverte à la rentrée 1953. Les filles sont maintenant accueillies dans une nouvelle école, l’école de garçons rue de la République, dénommée Édouard Herriot, peut investir les locaux restés vacants. De nouvelles classes seront construites le long de la rue des écoles : elles seront inaugurées en octobre 1955 en même temps que l’école Jules Ferry. En 1958, 6 classes sont ajoutées au groupe scolaire Herriot (Aujourd’hui Jean Jaurès).

Cependant, les effectifs des petits ne cessent d’augmenter et fin 1955, le conseil municipal décide la construction d’une école maternelle de 9 classes, l’école Maurice Viollette qui ouvrira en septembre 1959.

Sources : Louis Mouette (historien local) et Edmond Desouches (Maire de Lucé – 1947/1989)

De la fanfare... au conservatoire

Découvrez les prémices de l’enseignement de la musique à Lucé en 1927 jusqu’à la création de l’école de musique devenue aujourd’hui « Conservatoire de musique et d’art dramatique à rayonnement communal ».

Défilé commémoratif à Lucé derrière la fanfare

Les premiers enseignements musicaux à Lucé remontent à 1927, date à laquelle une clique intitulée « Fanfares de tambours et clairons » voit le jour. L’ensemble se produit lors des fêtes patronales et des cérémonies officielles. En 1950, l’ensemble devient « Le Réveil Lucéen ». Cet ensemble permet d’impulser les prémices d’une école de musique grâce à Raymond Joudiou et un groupe dévoué de conseillers municipaux. Les cours sont gratuits et les instruments fournis par la mairie. On recense alors deux professeurs et une vingtaine d’élèves.

Pendant de nombreuses années, le Réveil Lucéen et l’école de musique, tous deux complémentaires, participent au développement de la culture musicale à Lucé.

En 1974, les cours sont dispensés dans les locaux de l’école des Barres, on compte alors 130 élèves. En parallèle, l’Harmonie municipale prend la suite du Réveil Lucéen.

Par délibération du Conseil municipal en date du 7 mai 1975, une école municipale de musique est créée officiellement. À la rentrée de 1975, 250 enfants sont accueillis dans des bâtiments préfabriqués, installées sur le stade François Richoux, ainsi que dans plusieurs annexes éparpillées dans la ville.

Six ans plus tard, par lettre du Ministère de la Culture en date du 27 janvier 1981, l’école municipale de musique de Lucé est agréée et obtient une subvention de l’État de 10 000 francs.

Son enseignement pédagogique est contrôlé et reconnu nationalement. L’école compte alors 150 élèves.

En 1983, sous l’impulsion du Maire, Edmond Desouches, il est proposé au Conseil municipal de créer un corps professoral de qualité, répondant aux critères et directives du Ministère de la Culture. Dès lors, une équipe de professeurs diplômés d’État voit le jour, dont certains sont reconnus au niveau national et même international.

En janvier 1985, l’école compte 350 élèves, 15 professeurs, 1 directeur et 19 disciplines sont enseignées. Les cours sont dispensés au sous-sol de l’école maternelle des Béguines.

Le nombre d’élèves ne cesse de croître, et, au regard de sa renommée et de ses prestations, la municipalité décide en 1988 d’installer l’école de musique, rue de la République, dans les locaux de l’ancienne mairie qu’elle occupe encore aujourd’hui.

Ses nouveaux locaux seront inaugurés officiellement par Edmond Desouches le 25 février 1989. Dans son discours d’inauguration, il déclare : « L’école de musique de Lucé est plus qu’une école, c’est une maison de la musique et du théâtre pour tous. Plusieurs jeunes sortis de cette école s’apprêtent à vivre une vie professionnelle musicale. Certains continuent leurs études en musicologie à Tours pour devenir professeurs. D’autres poursuivent leurs études à Paris pour devenir musiciens professionnels… ».

Au fil des années, l’établissement devient l’école de musique et d’art dramatique agréée de Lucé. Un décret du 12 octobre 2006 permet aux établissements d’enseignement public de la musique, de la danse et de l’art dramatique d’être classés par le Ministère de la culture. Dans la foulée, l’école de Lucé reçoit l’agrément de Conservatoire municipal à rayonnement communal de musique et d’art dramatique.

Aujourd’hui, en Eure-et-Loir, seuls trois conservatoires sont agréés dont celui de Lucé.

Sources : Archives municipales